Sans angélisme, sans naïveté, nous avons souhaité livrer dans cette revue nos appréhensions en photographie de la situation précaireenvironnementale. Faire une revue qui donnerait à voir plus d’émotions, plus d’empathies, plus de rencontres, que des prouesses artistiques ou techniques creuses. S’il y a des écueils aux conventions, nos sens régulièrement sens dessus dessous, nous n’avons pas fait économie des cœurs. Pressés. Les images que vous tenez entre les mains évoquent sans équivoque l’abandon du pays par les manda- taires et l’enfermement dans lequel se retrouvent les femmes et les hommes qui doivent faire face à des insécurités chaque jour grandissantes.
À de nombreuses reprises, les politiques consacrent une année, des institutions, des évènements, des diners, des projets et des fonds aux problématiques environnementales. Pourtant sur le terrain, nous nous rendons compte que l’impact de tout ceci est pour ainsi dire nul et restons avec l’impression que ce ne sont là que des subterfuges pour évacuer les débats après le glas des catastrophes qui se font récurrentes.
Quand nous sommes partis à la rencontre des gens sur le terrain, nous avons été touchés de plein fouet par la précarité qu’ils vivent. On leur doit beaucoup, ils demandent peu, n’empêche qu’ils n’auront rien du tout. Des situations qui nous offusquent, puisque les voix des journalistes, dans le méandre politique, sont de plus en plus inaudibles. Bien des fois nous nous sommes sentis autant démunis qu’eux.